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Ells
28 avril 2005

EMPRISSONNE


Je suis en train de m’éveiller, j’ai dormi depuis longtemps. Où je suis, il fait noir. Je dois encore dormir, je tâte, je suis dans une sphère molle, je veux ouvrir les yeux, ils sont collés. J’essaye d’enlever la colle, je la frotte, l’arrache mais elle ne part pas. J’arrête et je me calme il faut que je sache où j’en suis, j’essaye de me souvenir, j’étais avec mes compagnons, oui c’est ça on était des millions et on allait sur une autre planète, on n’était pas les premiers, ah ça non, mais on y est tous allés.

 

Nous étions chauds, tous entraînés, rapides, certains étaient albinos mais on était tous prêts. Nous étions une grande et belle armée, on se nommait les casques blancs. Un soir, il y eut beaucoup de pression ainsi que beaucoup de chaleur et nous sommes sortis par le tuyau de lancement. Nous étions serrés les uns contre les autres car les parois  rouges organiques étaient petites. Quand nous sommes sortis à l’air libre, je vis quelque chose d’éblouissant alors que mes yeux étaient fermés, et on atteignait une vitesse ahurissante ; même sur la grande autoroute Artère, on allait moins vite.

La planète en face était allongée et bizarre.

 

Maintenant je suis dans une cellule, ces extraterrestres m’ont capturé, en plus c’est tout petit où je suis. Je suis fatigué, je me rendors.

 

Quand je me réveille, ma cellule est agitée, mes ravisseurs doivent être en train de transporter les cellules. Je donne des coups contre les parois et crie : « laissez-moi, laissez-moi «  le ballottement s’arrête, je ne m’attendais pas à être aussi efficace.

Ils ne doivent pas être aussi puissants que je le pensais mais ces imbéciles m’ont réveillé pendant un rêve, je rêvais que j’étais encore aux casques blancs et on s’amusait bien, très bien.

 

Je vérifie s’il n’y a pas de failles dans la cellule en tâtant. Elle est à peu près à ma taille mais chaque fois que j’essaye d’enfoncer la cellule, d’abord c’est mou, puis ça se durcit et une voix douce s’élève, mais elle a l’air de dire des gentillesses pour me calmer et je me calme.

   

Je me suis rendormi ; ça ne se voit pas mais c’est fatiguant  d’essayer de s’évader. Quand je me réveille, je repense à l’assaut de la planète. Quand nous arrivions, la plupart de nous pénétraient dans un gouffre. On savait que les ennemis étaient là-bas. La bataille était très longue et on progressait lentement, chaque soldat permettait la progression vers la base ennemie : le QG, les soldats ennemis tombaient mais étaient remplacés tout de suite. Alors que nous progressions, deux chemins s’offraient à nous.

La bifurcation était un problème pour nous, on hésitait entre tous aller d’un côté et nous partager. Quatre des cinq grands chefs voulaient qu’on aille tous d’un côté, le cinquième était porté disparu. Cinq millions de casques blancs prirent à gauche, un demi million prit à droite et le reste se campa à la bifurcation. J’étais dans ceux de droite, au commandement de cent mille soldats. Nous avancions doucement, les parois nous attaquaient, mes camarades périssaient par milliers et le chemin était long.

Pour la première fois de ma vie, j’ai découvert la patience, patience de la longueur car la vitesse initiale nous manquait, patience du temps car je combattais contre toutes les secondes, patience de la répétition, les morts se répétaient ainsi que les coups parade. Et tout cela engendrait une lassitude de mort. Je savais qu’on allait tous mourir, je ne m’inquiétais déjà plus pour ma mort et celle de mes camarades, je pensais qu’on n’y arriverait pas ; d’ailleurs je ne savais plus ce que je devais faire…

 

Des coups me sortent de ma nostalgie, je suis assoupi. Comme la dernière fois, je donne des coups et je crie : « laissez-moi tranquille ». La voix douce ressurgit et m’endort. Quand je me réveille, je frotte à nouveau un peu mes yeux et la colle part mais quand je les ouvre, je ne vois rien. Je suis entrain de me rendre compte que je dors plusieurs semaines chaque fois.

J’ai décidé de repartir à l’expédition et cette fois, je découvre que, si je ne suis pas mort de faim, c’est grâce au tuyau qui sort de la paroi. Il se ballade dans la cellule et finit encastré dans mon ventre. Je viens de comprendre qu’ils me nourrissent par l’intermédiaire du tuyau. Mais, de même, ils aspirent quelque chose en moi tel un animal qu’on chérit et nourrit pour mieux festoyer sur sa viande plus tard.

Soudain, je comprends que je suis une pauvre petite bête d’expérience et je commence à me débattre en m’attaquant à la cellule et au tuyau.

Je donne des coups dans tous les sens, je crie : « je suis un être vivant, laissez-moi sortir, je connais des casques blancs importants, j’ai des relations, laissez-moi ! ».

J’essaye de m’évader, tous mes entraînements à la caserne me servent car je mets toute ma force pour casser la cellule. Mais la voix revient encore, toujours dans une langue que je ne connais pas, toujours envoûtante, mélodieuse et avec son air gentil. Mais je résiste cette fois, je continue de taper, je tape, je frappe, retape, essaye de nier que je n’ai pas avancé, tape, donne un coup, une droite, encore une droite. La mélodie est encore plus forte, encore plus douce. Je continue de frapper, mais je suis fatigué.

J’arrête et crie le plus fort possible : « laissez-moi ». Et j’essaye de penser à autre chose que la voix qui continue de m’embêter, de me charmer. Je réussis à l’oublier, même si elle continue à m’embêter, je me concentre sur mon passé et me demande comment j’en suis arrivé là.

 

Quand j’étais fatigué de combattre dans le gouffre, on a découvert quelque chose. J’étais encore avec quelques milliers de soldats quand nous battions en retraite vers le côté inconnu du gouffre. C’était la débandade, j’avais rassemblé une centaine de casques blancs et réussi à calmer une partie des troupes quand un éclaireur vint nous informer qu’on avait repéré le quartier général ennemi. Il nous conduisit au lieu prévu, tout en disant que le quartier général était de forme sphérique, plutôt rouge sang et d’une taille gigantesque. D’après l’éclaireur, le QG était plus grand que le cœur de notre civilisation mais il n’avait jamais vu le cœur de la civilisation.

Quand je vis la silhouette imposante du QG ennemi, je pris les cent meilleurs soldats avec moi car je préférais la discrétion. Et on a entouré le QG pour chercher une faille. Le bâtiment était rouge et la surface solide, nos attaques ne l’abîmaient pas. On avait beau cherché, on ne trouvait pas l’entrée. Mais après de longues attentes, devant moi, la paroi s’ouvrit et je m’y engouffrai après avoir crié à mes amis : « par ici, venez ! »

Quand je fus à l’intérieur du QG ennemi, je compris que c’était un piège. La faille s’était refermée et des ennemis commençaient à vouloir m’attraper. Et j’essayais de m’enfuir mais plus je me déplaçais pour fuir, plus je m’enfonçais dans la base ennemie. Et dans un sprint final, je fonçai contre le noyau du QG et il y eut une réaction chimique : je me suis mélangé avec celui-ci. C’était horrible, une partie de ma personne disparut et l’autre se transforma.

Après, je me suis réveillé dans cette cellule.

 

J’ai créé un plan : je vais m’endormir et quand je me serai réveillé, je m’attaquerai à la paroi jusqu’à ce que je la perce.

 

Quand je me réveille, je mets un certain temps à me remémorer mon plan. Puis je le mets en œuvre et m’attaque à la paroi encore plus violemment que les fois précédentes. Mes coups sont surpuissants, grâce à ma haine. Je prends un point fixe et le fais souffrir. Mes droites et mes crochets le maltraitent. Mes poings l’enfoncent. Je frappe, tape, vise et retape. Le point souffre et la voix réapparaît mais n’est pas mélodieuse. Elle est violente et les phrases sont courtes.

 

Pendant une certaine période, la cellule est ballottée et mes mains continuent d’attaquer. Puis, c’est le calme. Le point devient trou. En tous cas, mon énergie porte ses fruits et me fait prendre confiance en moi. Malheureusement, je me fatigue et mes coups perdent de la puissance. Mais, je continue inlassablement.

 

Quand, soudainement, à ma droite, une déchirure est provoquée dans un grand fracas… enfin libre ! Elle est très grande et un excès de lumière en provient. Je me lance vers cette sortie tant attendue quand deux monstres à cinq membres, très blancs, veulent m’attraper.

Je comprends, en les voyant et en entendant à l’extérieur des voix graves et des cris, que je m’élance dans une embuscade qui va causer ma mort. Je tente d‘esquiver un monstre, le fais puis me prends un coup de l’autre. Je serre l’une des bêtes sauvages mais l’autre saisit ma tête et je me débats pour lui échapper quand l’autre m’agrippe belliqueusement et m’empêche tout mouvement.

Les deux créatures me sortent de la cellule et je crie de toutes mes forces. Autour de moi, il y a des voix. Une seule retient mon attention et je ne comprendrai jamais cette phrase car je l’oublierai et j’oublierai les casques blancs et tout et tout.

 

Car la phrase est : « c’est un très bel enfant madame ! "


ELLS                                                                                            
Novembre 2004
 

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Commentaires
C
ça me fait un peu penser à Matrix par moments. L'idée est tout simplement géniale. Je sais pas où tu l'as trouvé mais il fallait vraiment y penser. Il faudrait que tu continue même 5 ans après...
T
gARCON OU FILLE ?
±
une superbe représentation lol ca me parait assé réaliste, enfin ... pour ma part je n 'en ai aucuns souvenir ( je suppose que c 'est normal )<br /> :) <br /> <br /> continue !!!
D
COOOOLLLL!!! bien pensé je trouve. mM si y a certaines incohérenses.... C bien pour un débutant.
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